Les bougies auriculaires sont un sujet intrigant qui suscite à la fois fascination et controverse. Leurs partisans affirment qu'elles sont bénéfiques pour traiter divers problèmes auditifs, tandis que les sceptiques mettent en doute leur efficacité et leur sécurité. Plongeons dans l'univers des bougies auriculaires pour mieux comprendre cette pratique et les enjeux qui l'entourent.
Les origines des bougies auriculaires sont incertaines et proviennent probablement de différentes cultures.
D'une part, certaines sources attribuent leur origine à la médecine traditionnelle chinoise. Selon cette théorie, les bougies auriculaires auraient été utilisées depuis des millénaires pour traiter diverses affections liées aux oreilles, en lien avec la philosophie du yin et du yang ainsi que l'équilibre des énergies.
D'autre part, il est également possible que les bougies auriculaires aient des racines amérindiennes. Les Hopis, une tribu indigène d'Amérique du Nord, auraient utilisé cette méthode pour purifier l'esprit et éliminer les impuretés du corps. Les bougies auraient alors servi à établir un lien entre le monde physique et le monde spirituel.
Les bougies auriculaires se présentent sous la forme de cônes enroulés, généralement fabriqués à partir de cire d'abeille et de tissu, parfois imprégnés d'extraits de plantes ou d'huiles essentielles. La longueur des bougies varie, mais elles mesurent généralement entre 20 et 30 centimètres. La partie la plus fine du cône est destinée à être insérée dans le conduit auditif, tandis que l'extrémité opposée est celle que l'on allume.
La pratique des bougies auriculaires peut se faire seul ou à deux. La bougie est insérée dans le conduit auditif et allumée à l'extrémité opposée. Plusieurs hypothèses tentent d'expliquer les mécanismes d'action supposés des bougies auriculaires.
Tout d'abord, on pense que la chaleur produite par la combustion de la bougie pourrait ramollir la cire accumulée dans le conduit auditif, facilitant ainsi son extraction. Cette hypothèse s'appuie sur l'idée que la chaleur créée par la flamme de la bougie réchauffe et liquéfie le cérumen, permettant ensuite son élimination naturelle ou facilitant le nettoyage.
Ensuite, certains estiment que la combustion de la bougie créerait un vide d'air ou un effet de succion, aidant à aspirer le cérumen hors du conduit auditif. Ce phénomène, souvent appelé "chimney effect" ou effet de cheminée, suppose que le mouvement de l'air à l'intérieur du cône de la bougie crée une pression négative qui attire les impuretés vers l'extérieur.
Enfin, il existe une hypothèse selon laquelle le vide d'air créé par la combustion de la bougie pourrait masser légèrement le tympan, ce qui améliorerait les acouphènes ou les sensations de pression dans l'oreille. Cette idée repose sur la supposition que la pression négative exercée sur le tympan stimulerait les cellules ciliées de l'oreille interne, ayant ainsi un effet bénéfique sur les acouphènes.
Cependant, il convient de noter que ces hypothèses ne sont pas étayées par des preuves scientifiques solides, et que les études menées sur l'efficacité des bougies auriculaires ont montré des résultats mitigés, voire négatifs, comme nous le verrons dans la section suivante.
Plusieurs études ont été menées pour évaluer l'efficacité et la sécurité des bougies auriculaires, et leurs résultats mettent en doute les allégations des partisans de cette pratique.
"Ear candles and excessive earwax: a clinical study and review of the literature", publiée dans Laryngoscope en 2004, a étudié l'efficacité des bougies auriculaires sur 122 patients présentant une accumulation excessive de cérumen. Les chercheurs ont conclu que l'utilisation de bougies auriculaires n'était pas efficace pour éliminer le cérumen et qu'elle pouvait causer des blessures. Ils ont également examiné les résultats d'autres études similaires, qui montraient également une absence d'efficacité et un risque de blessures liées à cette pratique.
"The use of ear candles in otitis externa", publiée dans the Journal of Laryngology and Otology en 2007 , a évalué l'utilisation de bougies auriculaires chez 26 patients atteints d'otite externe. Les résultats ont révélé que les bougies n'avaient pas d'effet positif sur les symptômes de l'otite externe et que leur utilisation pouvait provoquer des complications, telles que des brûlures et des perforations du tympan. Les chercheurs ont conclu que les bougies auriculaires ne sont pas une option de traitement appropriée pour l'otite externe.
"Ear candles: efficacy and safety", publiée dans le Journal of Laryngology and Otology en 2008, a analysé l'effet de la bougie auriculaire sur un modèle d'oreille artificielle. Les auteurs ont constaté que les bougies auriculaires ne produisaient pas de vide d'air suffisant pour extraire le cérumen et que leur utilisation pouvait entraîner des brûlures et des obstructions du conduit auditif. Ils en ont conclu que les bougies auriculaires ne sont ni efficaces ni sans danger pour les utilisateurs.
"Ear candles--efficacy and safety", publiée dans Complementary Therapies in Clinical Practice en 2009, a examiné l'efficacité des bougies auriculaires pour éliminer le cérumen et améliorer les symptômes d'otite externe. L'étude a montré que les bougies n'étaient pas plus efficaces que le placebo et que leur utilisation pouvait entraîner des complications telles que des brûlures et des obstructions du conduit auditif.
Ces études mettent en évidence l'inefficacité des bougies auriculaires et les risques potentiels liés à leur utilisation. Elles invitent à la prudence et incitent à privilégier des méthodes éprouvées et sans danger pour traiter les problèmes auditifs.
Bien que les bougies auriculaires soient utilisées depuis longtemps et que certaines personnes continuent de croire en leur efficacité, de nombreux professionnels de la santé mettent en garde contre les dangers potentiels de cette pratique. Voici quelques-uns des problèmes liés à l'utilisation des bougies auriculaires.
Brûlures : L'un des risques les plus évidents lors de l'utilisation de bougies auriculaires est la possibilité de se brûler. La flamme peut provoquer des brûlures au niveau du pavillon de l'oreille ou du conduit auditif externe si la bougie n'est pas correctement manipulée.
Eczéma de contact : Le Dr Albert Mudry indique que l'utilisation de bougies auriculaires peut provoquer un eczéma de contact à l'entrée du conduit auditif externe. Ceci est dû à l'irritation causée par les résidus de cire laissés par la bougie.
Obstruction du conduit auditif : Les bougies auriculaires peuvent entraîner une accumulation de cire dans le conduit auditif, provoquant une occlusion partielle ou totale. Cette accumulation peut aggraver le problème initial et rendre l'élimination de la cire plus difficile.
Perforation du tympan : Dans certains cas, l'utilisation de bougies auriculaires peut entraîner une perforation du tympan. Le Dr Mary Daval a noté des accidents tels que des brûlures d'oreille, des débris de cire sur le tympan, et même une perforation du tympan. Une perforation du tympan peut provoquer des douleurs, des infections et, dans les cas les plus graves, une perte auditive permanente.
Infections : Les bougies auriculaires peuvent également augmenter le risque d'infections de l'oreille. Les résidus de cire et les débris laissés par la bougie peuvent créer un environnement propice à la prolifération de bactéries et de champignons, provoquant ainsi des infections telles que l'otite externe.
En somme, les bougies auriculaires suscitent un intérêt croissant, malgré les études démontrant leur inefficacité et les dangers qu'elles représentent. Les accidents et complications liés à leur utilisation soulignent l'importance de rester vigilant et de consulter un professionnel de la santé avant de s'engager dans une telle pratique. Il est essentiel de se tourner vers des méthodes éprouvées et sans danger pour traiter les problèmes auditifs, afin de préserver sa santé et son bien-être.
Titre : Ear candles and excessive earwax: a clinical study and review of the literature.
Auteur : Seely DR, Quigley SM, Langman AW.
Journal : Laryngoscope. Année de publication : 2004.
Volume et numéro : Volume 114, numéro 3.
Pages : 546-549.
Titre : The use of ear candles in otitis externa.
Auteur : Frewin MR, Walby AP.
Journal : Journal of Laryngology and Otology.
Année de publication : 2007.
Volume et numéro : Volume 121, numéro 11.
Pages : 1097-1098.
Titre : Ear candles: efficacy and safety.
Auteur : Rafferty J, Tsikoudas A, Davis BC.
Journal : Journal of Laryngology and Otology.
Année de publication : 2008.
Volume et numéro : Volume 122, numéro 10.
Pages : 1063-1064.
Titre : Ear candles--efficacy and safety.
Auteur : Bance M.
Journal : Complementary Therapies in Clinical Practice.
Année de publication : 2009.
Volume et numéro : Volume 15, numéro 1.
Pages : 20-22.